L’UE ne veut pas forcer les multinationales à respecter les droits humains

11/07/2018

L’Union européenne persiste à saboter le travail du groupe inter-gouvernemental chargé de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur les sociétés transnationales. Le Courrier a publié un article à ce sujet dans son édition du 27 décembre 2017. Le voici in extenso.

Des ONG dénoncent une proposition de l’UE visant à en finir avec le projet de convention encadrant les activités des multinationales à l’ONU.  

L’Union européenne ne veut pas d’un traité onusien pour obliger les sociétés transnationales (STN) à respecter les droits humains. A la mi-décembre, à New York, sa délégation a tout bonnement proposé à l’Assemblée générale des Nations Unies de supprimer le financement du groupe de travail intergouvernemental, qui se réunit depuis trois ans à Genève, chargé d’élaborer des normes contraignantes encadrant l’activité des grands groupes économiques internationaux.

Une manœuvre qui a suscité une réaction immédiate d’une large coalition d’ONG réunies au sein de la Campagne mondiale pour revendiquer la souveraineté des peuples, démanteler le pouvoir des sociétés transnationales et mettre fin à l’impunité. Parmi elles, le Centre Europe-tiers monde à Genève (CETIM), FIAN, Via Campesina et le Transnational Institute. «Nous ne sommes pas surpris car l’UE fait tout depuis trois ans pour saboter les travaux du groupe de travail du Conseil des droits humains de l’ONU. Mais nous nous devons de tirer la sonnette d’alarme et de dénoncer l’attitude hypocrite des institutions de Bruxelles, qui appellent d’un côté au respect des droits humains, et sabotent des initiatives en ce sens quand elles contrarient les intérêts de leurs multinationales», déclare Melik Özden, directeur du CETIM.

Cette attitude est d’autant moins compréhensible aux yeux des ONG que le parlement européen lui, s’est prononcé en 2016 en faveur du projet de traité onusien proposé il y a trois ans par l’Equateur. (Voir notamment le paragraphe 48 de la Résolution du Parlement européen adoptée le 14 avril 2016 sur le secteur privé et le développement. (2014/2205(INI)). Une position opposée à celle de la Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE.

Pour l’heure, cependant, le groupe de travail intergouvernemental de l’ONU sur les STN ne serait pas en danger: «Il est peu probable qu’un consensus se dégage au sein de la Commission de l’Assemblée générale chargée des questions budgétaires pour supprimer son financement», explique Melik Özden. En 2018, lors de la prochaine session, un projet de traité en bonne et due forme devrait être présenté.

Christophe Koessler

Catégories Bulletin Sociétés transnationales
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