COMMUNIQUE DE PRESSE
Junta Social de la Comunidad de Tabaco / Resistencia Activa Ya! / Swiss Coalition against Glencore / Colectivo Jaguar / CETIM
Genève, le 25 juin 2025
Entre le 20 et le 25 juin 2025, des représentants de la communauté afro-descendante de Tabaco (La Guajira, Colombie) se sont rendus à Genève pour saisir le système multilatéral des droits humains au sujet des violations de leurs droits fondamentaux liées aux activités de la multinationale Glencore.
Le vendredi 20 juin dernier, durant la 59e session du Conseil des droits de l’homme, Inés Pérez Arragoces, dirigeante de la communauté, est intervenue au nom de son peuple pour dénoncer les violations systématiques de la multinationale anglo-suisse Glencore, à travers l’exploitation de la mine colombienne Cerrejón, le plus grand dépôt de charbon à ciel ouvert de l’Amérique Latine. La déléguée colombienne participe à cette tournée de sensibilisation comme représentante de la coalition Active Resistance Now, qui coordonne les luttes des communautés affectées par Glencore et ce, dans plusieurs pays.
Dans sa déclaration, donnée lors du dialogue interactif avec la Rapporteuse spéciale sur le droit à la santé, Mme Pérez Arragoces a rappelé que sa communauté avait été déplacée par la force en 2001 afin de permettre l’extension de la mine. Depuis, cette communauté a subit une catastrophe écologique et sanitaire, marqué par la destruction d’écosystèmes, la contamination des sources d’eau et le lent empoisonnement des personnes.
«Nos terres sont empoisonnées, notre eau est contaminée et nos enfants sont malades» dit-elle, en se référant à l’arrêt T-329 de 2017 de la Cour constitutionnelle colombienne, qui reconnaît les atteintes à la santé, à l’éducation, au logement, à la dignité et au travail subies par la population de Tabaco.
Il est important de noter que son intervention a eu lieu dans un contexte de répression et de criminalisation des voix qui s’élèvent pour demander justice. Le 11 juin, à son arrivée à l’aéroport de Schiphol (Pays-Bas) pour une escale avant de rejoindre Genève, Mme Pérez Arragoces a été détenue, humiliée et finalement expulsée vers la Colombie par les autorités néerlandaises. Les raisons invoquées sont diverses – soupçons infondés de trafic de drogue, puis insuffisance de ressources financières – malgré la présentation de documents valides, d’une invitation officielle de l’ONU et de garanties de prise en charge totale par les organisations d’accueil. Cette violence administrative s’inscrit dans un schéma de profilage racial dont les femmes noires du Sud sont trop souvent victimes aux frontières de l’Europe.
Le CETIM, organisation accréditée auprès de l’ONU, dénonce cette tentative d’intimidation et d’entrave à la participation légitime d’une militante aux forums multilatéraux. Nous appelons les institutions internationales à garantir un accès libre aux mécanismes de l’ONU.
Dans les territoires, et depuis les organisations de solidarité internationale, nous continuerons à nous battre, à plaider et à exiger la fin de l’impunité des entreprises. À cet égard, Glencore doit être sanctionnée et doit fournir une compensation financière juste, équitable et complète.
À cet égard, le travail de plaidoyer international de la communauté Tabaco exige que les mécanismes pertinents assurent le suivi du processus de relocalisation de cette communauté, afin qu’elle puisse être garantie d’avoir un territoire approprié qui respecte les pratiques culturelles ancestrales. A cet égard, une plainte sera déposée dans les prochains jours auprès des mécanismes de protection des droits de l’homme de l’ONU.
Voir la vidéo du débat à l’ONU et le discours d’Inés à 28.24 minutes
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