Comité des DH de l’ONU : L’État colombien est responsable de l’assassinat d’un syndicaliste

03/06/2020

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies déclare l’État colombien responsable d’avoir violé le droit à la vie et à un recours judiciaire effectif d’un syndicaliste assassiné. C’est une décision historique.

En août 2002, le syndicaliste colombien Adolfo Múnera, affilié au syndicat du secteur agroalimentaire SINALTRAINAL et travailleur chez Coca-Cola, est assassiné. Précédemment, il avait déjà été l’objet de menaces par des groupes paramilitaires liés à la multinationale. Néanmoins, la justice colombienne n’a pas fait son travail pour investiguer sur les commanditaires du crime. C’est pourquoi en 2015, le Comité pour la solidarité avec les prisonniers politiques (CSPP) et le CETIM – représentant la famille d’Adolfo Múnera et le syndicat SINALTRAINAL – ont soumis une plainte au Comité des droits de l’homme des Nations unies.

Cinq ans après le dépôt de la plainte et dix-huit ans après son assassinat, le 19 mai 2020, le Comité des droits de l’homme des Nations unies est arrivé à la conclusion de la violation par l’État colombien du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).

Emanant d’un organe des Nations unies, la décision du Comité des droits de l’homme constitue une jurisprudence et servira d’exemple pour d’autres luttes contre l’impunité dans le monde. Dès lors, elle constitue un instrument au service des actions et des mobilisations des mouvements et organisations qui font face à ce type de violence. Les mouvements sociaux du monde entier pourront faire appel aux instances judiciaires compétentes de leurs pays respectifs en utilisant cette jurisprudence.

Cette décision est également un exemple qui démontre la possibilité d’utiliser le droit international et les organes des Nations unies pour soutenir les luttes des peuples pour la justice sociale et contre l’impunité. En ce sens, le droit international constitue l’un des champs de bataille dans le combat pour le droit des peuples de décider de leur avenir.

Enfin, cette victoire nous montre la complémentarité des sphères internationale et nationale, la nécessité de coordonner les actions entre les organisations de solidarité internationale, comme le CETIM, et les organisations sur le terrain, afin de porter au niveau international les luttes menées au niveau local.

Suite à cette décision, l’État colombien est tenu de rouvrir une enquête pour faire enfin la lumière sur l’assassinat du dirigeant syndical et indemniser la famille Munera. La décision du Comité des droits de l’homme tombe en une période marquée par un haut degré de violence en Colombie à l’égard du mouvement syndical et populaire. Nous espérons qu’elle servira à inverser cette tendance et contribuera à la pacification du pays.

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