Pour le respect des droits de toutes et tous les travailleurs migrants

15/10/2011

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Présentation

La migration est un phénomène aussi ancien que l’humanité. Les individus et les peuples ont toujours cherché un environnement plus favorable à leur survie et à leur confort. Il faut bien entendu faire abs­traction à ce sujet des déplacements forcés de populations entières par les puissants du moment, et, se­lon les époques, leur réduction à la condition d’esclaves, la traite des Noirs vers l’Amérique pour le besoin des colonisateurs de ce continent, etc.

Il faut souligner dans ce cadre que, pendant plusieurs millénaires, les êtres humains se sont déplacés à travers le monde pour s’installer sur des terres inhabitées, ou supposément inhabitées. Ce n’est plus le cas de nos jours. La création des Etats modernes a eu comme implication, entre autres, la délimitation des frontières et un contrôle de plus en plus strict des flux migratoires.

Aujourd’hui, les causes de la migration sont multiples, mais elle se fait, dans son écrasante majorité, sous contraintes économiques et politiques (voir chapitre II).

Il convient de distinguer à ce propos, d’une part les migrations internationales des migrations internes, lesquelles sont presque quatre fois plus importantes que les premières, et d’autre part, les demandeurs d’asile des travailleurs migrants. En effet, les premiers cherchent un refuge pour échapper à la répression de la part d’un Etat alors que les seconds sont censés répondre à une demande de main-d’oeuvre de la part des pays d’accueil. Il convient également de préciser que la Convention relative au statut des réfugiés (appelée Convention de Genève, de 1951) ne protège que les personnes persécutées pour leurs droits civils et politiques. Elle ignore ainsi les victimes des droits écono­miques, sociaux, culturels et environnementaux qui ne peuvent prétendre à une protection internatio­nale. C’est dire que la frontière entre les réfugiés politiques et ceux dits économiques est plutôt mince et une telle distinction relève souvent de l’arbitraire dans son application pratique.

Bien entendu, le premier des droits humains de tout un chacun devrait être le droit de pouvoir rester dans son pays d’origine et d’être à l’abri du besoin. Mais le développement inégal qui caractérise le monde actuel pousse un nombre toujours plus important de personnes à chercher des cieux plus clé­ments. La migration internationale a pris des proportions très importantes depuis quelques décennies. Les politiques néolibérales qui président à la mondialisation actuelle ont accéléré le mouvement de la migration internationale, fournissant au capital une main d’oeuvre toujours meilleur marché. Le nombre de migrants a presque doublé entre les années 2000 et 2010 pour dépasser 200 millions de personnes à travers le monde. Toutes les régions du monde sont désormais concernées par ce phéno­mène et, fait nouveau, presque la moitié des migrants aujourd’hui est constituée de femmes.

Ce mouvement massif de populations a évidemment des conséquences économiques, politiques, so­ciales et culturelles importantes tant dans les pays d’accueil que dans les pays de départ. Si elle signifie bien souvent pour les pays d’origine une fuite des cerveaux (pourtant indispensables à leur développe­ment économique, social et culturel), la migration, est de manière générale, toujours bénéfique pour les pays d’accueil. En effet, les migrants contribuent à la prospérité des pays d’accueil, dont la plupart ne peuvent plus se passer, tant ils sont indispensables pour le bon fonctionnement de leur économie. Ils contribuent par ailleurs à l’enrichissement culturel et artistique.

Il ne faut pas perdre de vue que les migrants jouent également un rôle d’amortisseur social, à défaut d’un monde plus égalitaire, en contribuant à l’entretien de leurs familles restées dans leurs pays d’ori­gine. En effet, en 2010, les sommes d’argent envoyées par les migrant-e-s à leurs pays d’origine (pays du Sud) étaient presque trois fois plus élevées que l’aide publique au développement accordée à ces mêmes pays.

Contrairement à une idée reçue en Occident, la majorité de la migration internationale se déroule entre les pays du Sud. Selon les données de 2010, sur les 128 millions de migrant-e-s résidant dans les pays du Nord, seuls 74 millions étaient originaires des pays du Sud alors que ces derniers accueillaient
86 millions de migrants sur leur sol.

Il faut également noter que le nombre de migrant-e-s dits « irréguliers », « clandestins » ou « sans papiers » est élevé en Europe et aux Etats-Unis (presque la moitié des migrants irréguliers du monde entier), étant donné que ces pays ont pris des mesures administratives, législatives et même militaires pour empêcher toute migration « non désirée » vers leur territoire. Ces mesures ont également vidé de sa substance la Convention de Genève, déjà restrictive dans sa portée, et l’ont rendue presque non opé­rationnelle, comme c’est le cas en Europe (voir chapitre III.A).

Si les Etats d’accueil ont le droit de réguler les flux migratoires, au sens du droit international en vi­gueur, ils ont le devoir de respecter et de faire respecter les droits des migrants, qu’ils soient réguliers ou irréguliers. C’est le sens des conventions internationales adoptées au sein de l’ONU et de l’OIT. Tout en se concentrant en particulier sur la situation des migrants irréguliers, le présent cahier présen­tera la portée des conventions en question.

Liens

Page internet du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants sur le site du Haut-Commissariat des droits de l’homme (privilégier la page anglaise car régulièrement mise à jour ICI)

PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2009. Lever les barrières : mobilité et développement humains
Site internet de Migreurop

Migreurop, « Chronologie critique des politiques migratoires européennes », document élaboré par Alain Morice (CNRS-Université Paris-Diderot). Dernière mise à jour le 6 septembre 2011

Site internet de la commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI)

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Étiquettes Migrants
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