Violation du droit à l’eau dans le Nord et l’Est de la Syrie

24/03/2022

COMMUNIQUE DE PRESSE

Genève, le 29 mars 2022 – La Commission d’enquête internationale sur la Syrie a présenté son rapport annuel lors de la 49e session ordinaire du CoDH, en soulignant les bilans catastrophiques en matière de droit humanitaire et de droits humains engendrés par ce conflit depuis plus de 11 ans. Ce rapport omet toutefois le rôle joué par des forces d’occupation militaire étrangères dans ces violations.

La Commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU sur la Syrie a été créée par le Conseil des droits de l’homme en 2012 suite à la guerre qui a éclaté dans ce pays. Elle a présenté son rapport annuel à Genève, le 18 mars 2022, dans le cadre de la 49e session du Conseil des droits de l’homme. Le CETIM a participé au dialogue interactif qui a suivi la présentation de ce rapport. En effet, notre association s’intéresse de près à la question du droit à l’eau dans le Nord et l’Est de la Syrie et plaide en ce sens au niveau international, en collaboration avec des organisations qui luttent sur place pour le respect et la promotion de ce droit fondamental. Le droit à l’eau des populations syriennes, et en particulier des communautés paysannes qui en sont dépendantes pour l’agriculture, est systématiquement violé dans le cadre de l’occupation militaire du territoire par la Turquie et par les milices pro-turques. Cette situation entraîne des conséquences dévastatrices pour les droits fondamentaux des populations, et tout particulièrement pour les droits économiques, sociaux et culturels.

Le rapport de la Commission fait brièvement état de la crise aiguë de l’eau se déroulant en Syrie, en soulignant que les ressources ont diminué de 40 % en dix ans. Néanmoins, selon ce rapport, cette crise est provoquée par une combinaison de facteurs liés aux changements climatiques, comme le faible niveau de l’Euphrate, des précipitations faibles et des températures élevées. Nulle mention n’est faite du rôle joué par l’occupation militaire turque. Or, ce sont justement les forces occupantes qui, en contrôlant les sources ou en endiguant les cours d’eau, causent d’énorme pénuries. L’accès à l’eau a aussi et surtout été réduit par la destruction massive, délibérée ou non, des installations en eau au cours du conflit, et notamment dans le cadre de la guerre menée par l’Etat turc.

En ce sens, le CETIM a présenté une déclaration écrite à la 49e session du Conseil des droits de l’homme afin d’attirer l’attention des Etats membres sur les conséquences de l’occupation militaire du Nord-Est de la Syrie par les forces armées turques et les milices qu’elles soutiennent. Outre les violations des droits humains liées aux détentions arbitrairesA_HRC_49_77 – G2225153_FR-compressé, au pillage de ressources naturelles ou encore à l’implantation de mines et d’explosifs dans des zones peuplées par des civils, cette déclaration analyse que les forces occupantes utilisent l’eau comme une arme de guerre. Le CETIM rappelle que la violation du droit à l’eau a des conséquences dramatiques sur les droits à la santé, à la nourriture et à la vie.

Au cours du dialogue interactif sur la situation en Syrie, le CETIM a donné la parole à Aked Ibrahim, représentant de Rights Defence Initiative – Syria, une organisation qui travaille avec des mouvements sociaux et des communautés affectés par l’occupation militaire de la région. Lors de cette intervention, M. Ibrahim a fait remarquer que le rapport de la Commission d’enquête internationale sur la Syrie n’explicite pas les véritables causes du problème de l’eau dans la région. Il a donc rappelé que le droit à l’eau des populations était violé par le contexte actuel d’occupation militaire. En conclusion, M. Ibrahim a demandé à la Commission d’enquêter plus en profondeur sur les effets de l’occupation sur les droits humains, et plus particulièrement sur les droits économiques, sociaux et culturels. Finalement, M. Ibrahim a demandé le retrait immédiat de l’armée turque de la région, ainsi que de toutes les forces armées étrangères présentes sur le terrain et la cessation du soutien aux milices armées.

 

Pour lire la déclaration écrite du CETIM en français, cliquez ici

Pour lire la déclaration orale en anglais faite par Aked Ibrahim, cliquez ici

Lire le rapport en français de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie

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