L’OMC, pilier du système commercial prédateur

29/06/2022

À l’occasion de la 12e Conférence ministérielle de l’OMC, une manifestation internationale s’est tenue le 11 juin à Genève pour dénoncer les politiques néolibérales impactant les paysanneries du monde entier. Une délégation de plus de 30 représentant·es de La Via Campesina venu·es des quatre coins de la planète, accompagnée par le CETIM, s’est également rendue à l’ONU afin de continuer le travail de promotion et de mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysan·nes.

Extrait d’une interview de Raffaele Morgantini du CETIM sur l’OMC, parue dans Voix Populaire1

Depuis sa création en 1995, l’OMC est devenue une des forces motrices de l’offensive néolibérale des élites dominantes contre les peuples. Il s’agit d’un instrument au service des grandes puissances occidentales pour promouvoir la marchandisation effrénée de tous les secteurs d’activité de nos sociétés, en forçant l’ouverture des marchés et la privatisation des services publics. Une manière d’asseoir la toute-puissance du capitalisme néolibéral, au détriment d’autres modèles de développement et manières de concevoir le commerce international. Ou encore, consolider la maximisation des profits pour les milieux d’affaires dominants, en opposition à des modèles collectifs de partage des richesses basés sur la solidarité mutuelle. L’objectif déclaré de l’OMC est de « réguler le commerce international »… oui, mais à la guise des pouvoirs dominants.

Concernant les conséquences néfastes provoquées par l’OMC, elles sont multiples, selon les domaines et les secteurs d’activité. Dans le domaine des activités du CETIM, nous nous intéressons particulièrement à deux dossiers :
Premièrement, la question de l’agriculture. La libéralisation des marchés agricoles constitue l’un des grands volets de l’OMC. Lors de toutes ses conférences ministérielles, l’OMC a plaidé et s’est engagée à promouvoir la libéralisation et la dérégulation des marchés agricoles de ses pays membres, au détriment de la souveraineté des États et des peuples sur ce secteur primordial pour le bien-être général. La conséquence principale des accords de l’OMC sur l’agriculture est simple : les gouvernements sont contraints de supprimer toute protection des marchés agricoles internes et tout soutien à leur paysannerie, fragilisant davantage ces dernières dont les ressources sont bien souvent insuffisantes pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, les grands propriétaires fonciers et les sociétés transnationales de l’agrobusiness s’accaparent les marchés nationaux suite à la dépossession des communautés paysannes.

Deuxièmement, la question de la propriété intellectuelle. À ce sujet, l’accord de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) sont fort problématiques pour les peuples et les pays du Sud, en ce qu’ils déroulent le tapis rouge pour les sociétés transnationales et visent à imposer des régimes de propriété (des brevets) sur toutes sortes de productions, y compris sur le vivant, au bénéfice de ces entreprises et de leurs actionnaires. À travers ces mécanismes pervers, ces entités s’approprient indûment des ressources, des savoirs et des pratiques traditionnelles des peuples et des communautés. De plus, en brevetant certains savoirs, les sociétés – pharmaceutiques et agroalimentaires par exemple – les monopolisent afin de développer des médicaments ou des semences et les vendre sur les marchés mondiaux, bien souvent à des prix inabordables pour les communautés dépouillées par ces mêmes sociétés. Nous pouvons sans autre qualifier ces agissements de biopiraterie.

Les mouvements sociaux et toutes les organisations engagées dans la lutte pour changer le monde doivent continuer à se saisir des questions liées à l’OMC, pour en décortiquer les dessous et se doter des moyens pour avancer vers des modèles alternatifs. Plus que jamais, une refonte structurelle de l’OMC est nécessaire, en vue de bâtir une organisation solidaire, démocratique et au service des peuples.

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Lire le communiqué de presse de La Via Campesina
Lire la Déclaration de Genève : Mettons fin à l’OMC ! Construisons un Commerce International basé sur les Droits des Paysan·nes et la Souveraineté Alimentaire !

 

1. Publiée dans Voix Populaire de juin 2022, https://voixpopulaire.ch

Catégories Articles Bulletin Droits des paysans DROITS HUMAINS Sociétés transnationales
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