Le 17 avril, Journée mondiale des luttes paysannes a mis en lumière un combat essentiel sur la scène internationale : celui des paysan·nes et communautés rurales qui se battent pour leurs terres et leurs droits.
L’accaparement des terres se répand comme une traînée de poudre, soutenu par les logiques de profit du secteur de l’agrobusiness, des sociétés transnationales extractives et de vastes projets dits de « développement ». Ces dynamiques portent préjudice aux paysan·nes en provoquant la déforestation, la marchandisation des ressources naturelles, ainsi que le remplacement des territoires agricoles par des zones commerciales ou industrielles.
Face à cette menace, la résistance paysanne est souvent brutalement réprimée : harcèlement, surveillance, accusations fallacieuses d’être des « ennemis de l’État » ou du « progrès », emprisonnements sous de fausses charges, voire disparitions. Ceux qui détruisent les terres sont protégés, tandis que les défenseurs·euses sont criminalisé·es. Malgré ce contexte hostile, les paysan·nes continuent de s’organiser pour défendre leur droit à la terre et à une vie digne.
Aux Philippines, un cas emblématique porté par le CETIM et ses partenaires illustre cette lutte : depuis 2009, des paysan·nes de la région de Bataan, organisé·es sous la bannière du mouvement SANAMABASU, résistent à l’accaparement de leurs terres par les entreprises Litton & Co. et Riverforest Development Corporation (RDC). Ces sociétés, qui cherchent à industrialiser les zones agricoles, ont intensifié la répression : criminalisation des paysans qui se mobilisent pour la défense de leurs droits, dépôt de procédures d’expulsion visant à les déloger de leurs habitations et de leurs terres cultivables.
Le 16 septembre 2024, suite à la présentation d’une saisine du CETIM et de ses partenaires, plusieurs Rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont adressé une communication conjointe aux entreprises concernées et au gouvernement philippin, exprimant de sérieuses inquiétudes concernant les arrestations arbitraires, les expulsions forcées, les destructions de logements et la criminalisation des luttes.
Riverforest Development Corporation a nié ces allégations, affirmant que les terres n’étaient pas cultivables, et accusant les paysan·nes d’abuser du programme de réforme agraire. Le gouvernement philippin a déclaré, à tort, que les accusations d’« estafa sindical » (escroquerie collective)1 contre les paysan·nes avaient été retirées, alors que les procès sont toujours en cours. Élément positif, en janvier 2025, suite à la saisine et à la pression exercée au niveau national et international, les paysans incarcérés ont été libérés.Le mouvement SANAMABASU, avec le soutien de nombreux mouvements et organisations de la société civile dont le CETIM, continue le combat pour exiger :
1. L’estafa collective est définie dans le décret présidentiel n° 1689 et implique un groupe de cinq individus ou plus formant un syndicat pour frauder le public, généralement dans l’intention de détourner des fonds ou des biens à grande échelle, ce qui est passible d’une peine d’emprisonnement à perpétuité.