Protéger les communautés de pêche artisanale, c’est protéger nos océans

14/07/2025

Un mouvement large de la société civile s’engage désormais sur la question des océans, et de multiples initiatives voient le jour pour réguler la prédation par les grandes puissances. Fruit d’un engagement de longue haleine, cette question a finalement atteint le Conseil des droits de l’homme.

Dans son rapport présenté à la 58e session du Conseil des droits de l’homme, la Rapporteuse spéciale sur le droit à un environnement propre, sain et durable, Mme Astrid Puentes Riaño1 dresse un tableau sans concessions : 492 millions de personnes dépendant, totalement ou partiellement, de la pêche artisanale voient leurs droits fondamentaux menacés par la crise écologique et les politiques économiques et commerciales injustes.

Le rapport souligne que les populations côtières, les peuples autochtones, les pêcheuses et pêcheurs artisanaux et les communautés marginalisées subissent de manière disproportionnée les effets néfastes de la dégradation des océans. Les femmes, qui représentent près de la moitié de la main-d’œuvre dans le secteur de la pêche, sont particulièrement vulnérables, car elles sont souvent exclues des processus décisionnels et ne bénéficient pas de la reconnaissance de leurs droits traditionnels. Les communautés de pêche artisanale, dont les savoirs et pratiques ancestrales contribuent à la préservation de la biodiversité, se heurtent à l’expansion de la pêche industrielle qui monopolise les ressources et érode les écosystèmes marins.

Face à ces défis, la Rapporteuse spéciale exhorte les États à adopter une approche écosystémique et fondée sur les droits humains pour la gestion des océans, et à prévenir, maîtriser et réduire les dommages causés au milieu marin en renforçant la réglementation environnementale et en appliquant le principe de précaution. Elle recommande également de garantir l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice pour les communautés affectées par les activités marines.

Elle insiste sur la nécessité de restaurer les écosystèmes marins, tels que les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers marins, et de protéger les habitats vulnérables face aux activités industrielles. Elle appelle par ailleurs les États à renforcer les droits des pêcheuses et pêcheurs artisanaux, à mettre fin à la surpêche et à éliminer les subventions qui favorisent la pêche industrielle non durable.

Il convient de rappeler que, comme les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant la terre, les droits des pêcheuses et pêcheurs artisanaux sont protégés par la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (art. 1). Utilisée à bon escient par les détentrices et détenteurs des droits, cette Déclaration permettra d’avancer dans la réalisation du droit à l’alimentation et dans la protection des droits des populations qui dépendent de la pêche artisanale.

1. Cf. A/HRC/58/59, 31 décembre 2024.

Catégories Articles Bulletin Droits des paysans
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