Hommage à Gaby Falchun

08/04/2025

par Gérard Boinon de la FIMARC

La nouvelle s’est répandue comme un souffle discret, comme une ombre portée par le vent du soir : Gaby Falchun s’en est allé. Il a quitté la terre des hommes, celle qu’il a tant aimée, défendue, arpentée, pour rejoindre les étoiles. Là-haut, il brillera désormais parmi celles et ceux qui ont consacré leur vie à la justice, aux droits des plus humbles, aux espoirs de ceux que l’on oublie trop souvent. Gaby était de ces êtres rares qui, sans éclat inutile ni tapage, ont bâti des ponts entre les peuples, entre les combats, entre les âmes. Il avait cette force tranquille, ce regard empli de bienveillance mais aussi de détermination. Car il savait. Il savait que le monde rural, cette terre nourricière dont dépendent nos vies, était trop souvent méprisé, relégué, exploité sans vergogne. Il savait que derrière chaque labour, chaque sillon creusé, chaque main burinée par le travail de la terre, se jouait un combat, une dignité à préserver. Dans les années 70, il s’était engagé comme secrétaire général de la FIMARC, cette fédération internationale qui donne voix aux ruraux, aux paysans, à ces travailleurs de l’ombre dont la sueur fait lever les moissons et couler le lait dans les rivières de la vie. Il n’était pas de ceux qui parlent sans agir, qui promettent sans tenir. Non, Gaby avançait, avec patience et humilité, convaincu que les batailles se gagnent dans la persévérance et la fidélité aux valeurs humaines. Puis vint l’appel de l’ONU, cet autre sommet où il fallait porter plus haut encore les revendications, là où la voix des sans-voix peine à se faire entendre. Responsable du groupe Droits de l’Homme pour la FIMARC, il entra dans ces immenses salles de verre et d’acier, là où se décident des destins sans que souvent l’on ne se souvienne des visages. Mais lui ne s’est jamais perdu dans les méandres bureaucratiques ni les discours creux. Il avait emporté avec lui la parole des siens, celle des paysans du monde entier, et il a pesé de tout son être pour que naisse un texte essentiel : la Déclaration des droits des paysans.
Combien de nuits blanches à peser chaque mot, à négocier chaque ligne, à s’assurer que derrière ces lettres figées se logeait une véritable avancée pour ceux qui, chaque jour, cultivent notre avenir ? Combien d’espoirs portés, de désillusions affrontées, de victoires arrachées au silence ? Aujourd’hui, Gaby nous laisse, mais il n’a pas disparu. Son souffle est dans les vents qui caressent les champs, dans le murmure des blés qui ploient sous le poids des saisons. Il est dans le regard de chaque paysan, chaque paysanne qui lutte encore, dans chaque combat mené pour que les terres nourricières restent aux mains de ceux qui les travaillent. Mais au-delà du militant, au-delà de l’homme engagé, c’est aussi un époux, un père, un compagnon de route qui s’en est allé. À Marie-Thé, sa femme, qui l’a soutenu dans ses combats et partagé ses
rêves, nous adressons nos pensées les plus sincères. Que l’amour qu’il portait aux siens continue de les accompagner, qu’il leur soit une lumière douce dans cette épreuve. À ses enfants, qui ont grandi à ses côtés, héritiers d’un homme dont la vie fut une quête de justice et de dignité, nous exprimons toute notre solidarité. Que le souvenir de Gaby soit pour eux une force, une étoile sur leur propre chemin. En ces jours de tristesse, nous partageons leur douleur, mais aussi leur fierté d’avoir connu et aimé un homme dont l’empreinte restera vivante bien au-delà de son passage sur cette terre.

Repose en paix, Gaby. Nous ne t’oublierons pas.

Le 29 mars 2025, La Balme-de-Sillingy (France)

Le CETIM se joint à cette hommage et présente ses condoléances à la famille de Gaby et ses proches.

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